Chers pères, frères et sœurs.
C’est avec une grande tristesse que nous disons adieu aujourd’hui à notre cher père Nicolas. C’est difficile à croire qu’il est mort et encore plus difficile à comprendre et à accepter ce qui s’est passé. Nous nions, nous rejetons la mort. Nous nous interrogeons, nous nous interrogeons les uns les autres, nous interrogeons même Dieu avec perplexité: Comment cela a-t-il pu arriver? Les médecins n’ont-ils pas trouvé une solution? Depuis un an que le virus attaque, il y a déjà eu de grandes avancées dans la lutte contre le covid. Beaucoup de gens ont été guéris. Pourquoi tout cela n’a-t-il pas aidé?
Alors que nous cherchons une réponse à ces questions, alors que nous réalisons ce qui s’est passé, regardons en arrière et voyons ce que père Nikolay a laissé derrière lui. La grande majorité de ceux qui sont ici ont écouté ses sermons, beaucoup ont voyagé avec lui en pèlerinage sur les lieux saints; il y a ceux chez qui il avait éveillé le goût pour la lecture des Saints Écritures, la découverte des saints Pères, l’étude des textes sacrés et liturgiques. Il y a ceux qui se sont confessés à lui et le considèrent comme leur père spirituel. Nous sommes tous en deuil. Dans cette tribulation, les paroles du Sauveur viennent à l’esprit: Vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie (Jn 16:20). Comment comprendre ces paroles? Et comment atteindre cette joie? La réponse à cette question réside dans notre compréhension de la vie et de la mort. Dans cette tribulation, nous nous concentrons davantage sur nous-mêmes. Beaucoup de gens m’ont rapporté que la communication avec père Nicolas n’était pas terminée [, quelque chose n’était pas encore rompu]. Pour beaucoup, ce sentiment d’incomplétude de notre relation est un chagrin, une douleur insupportable. D’autres regrettent de ne pas lui avoir prêté attention, de ne pas l’avoir appelé alors qu’il était disponible pour tout le monde. Certains ont critiqué et même blâmé père Nicolas, et maintenant ils sont tristes car ils n’étaient peut-être pas toujours objectifs avec lui. C’est facile de voir les faiblesses de quelqu’un et ses péchés.
Mais ce n’est pas de ça dont je veux parler. Aujourd’hui, je veux parler du père Nicolas. A propos de la façon dont le Seigneur l’a préparé pour son passage vers l’éternité, je veux dire que les paroles du Psaume 115, Elle est précieuse aux yeux du Seigneur, la mort de ceux qui l’aiment, s’appliquent directement à lui.
Ces dernières semaines, je me suis particulièrement rapproché spirituellement et physiquement du père Nikolay. On s’appelait presque tous les jours. Je suis allé le voir aux soins intensifs et dans sa chambre à l’hôpital. Je lui ai aussi apporté la Communion pour la dernière fois. Il se préparait à recevoir la tonsure monastique, ce qui était son souhait de longue date, mais il nous l’a révélé alors qu’il était déjà à l’hôpital. Il avait tous les vêtements prêts, et nous l’ignorions. Pardonne-nous, père! Nous avions fixé le jour de ta tonsure, mais le Seigneur en a jugé différemment.
Le père Nikolay est mort dans la dignité du prêtre de Dieu. Et aujourd’hui, nous avons célébré l’office de funérailles pour un prêtre. Le père Nicolas sera enterré dans la même tombe que son épouse, matouchka Christina. C’est son fils qui est entré le premier dans sa chambre après sa mort. Le Seigneur lui a donné la joie de voir que les graines plantées par lui commencent à germer, et même à fructifier.
Aujourd’hui, nous devons nous réjouir qu’il monte vers le Père céleste, qu’il monte vers le Seigneur Jésus-Christ, qu’il a servi et qu’il a prêché tout au long de son ministère pastoral, missionnaire et familial. Oui, comme tout homme, il avait des faiblesses, des défauts, des péchés, mais il avait aussi une foi ferme. Maintenant, notre obligation filiale et fraternelle est de prier pour lui, afin que le Seigneur lui pardonne toute transgression volontaire et involontaire, qu’il le fasse reposer avec les justes, et qu’il nous prenne en pitié. Amen.
Hièromoine Joseph Pavlinciuc
