Comme tous les ans, nous pouvons constater que les chrétiens célèbrent les fêtes de fin d’année selon différents calendriers. D’où viennent ces divergences ? La réponse est à chercher dans l’histoire de l’usage du calendrier astronomique. Aujourd’hui les chrétiens du monde entier utilisent deux calendriers différents : le calendrier “julien”, introduit par Jules César en 46 av. J.-C., et le calendrier “grégorien”, institué par le pape Grégoire XIII au XVIe siècle.
La question du calendrier est très sensible au sein de l’Église orthodoxe, elle surprend ceux qui rencontrent les orthodoxes. Presque tous les orthodoxes, à l’exception de ceux de Finlande, utilisent le calendrier julien. Mais au sein de l’orthodoxie cohabitent deux pratiques. Il y a ceux qui ont accepté le calendrier julien “corrigé” en 1924, (onze Églises autocéphales) et ceux qui suivent le calendrier julien “original” (quatre Églises : Jérusalem, Russie, Serbie, Géorgie et les moines du mont Athos).
Comment comprendre cette situation ?
L’organisation et la structure de la vie liturgique de l’Église orthodoxe se développent selon le calendrier julien. Cela est important pour la fixation et la célébration de la fête de Pâques, mais aussi pour d’autres fêtes et périodes particulières de l’année. Nous avons ainsi deux catégories de fêtes : celles qui sont liées à Pâques s’appellent “mobiles” et celles qui sont liées strictement au calendrier, qui reviennent à la même date, s’appellent “fixes”. La fête de la Nativité fait partie des fêtes fixes, car elle est célébrée le 25 décembre. Les Églises qui ont accepté le calendrier julien “corrigé” ont changé et adopté le calendrier grégorien pour les fêtes fixes. Les Églises qui n’ont pas adopté les changements se retrouvent avec un écart de treize jours par rapport au calendrier occidental “grégorien” ; ainsi, elles célèbrent la fête de Noël le 7 janvier (soit 25 décembre + 13 jours), l’Annonciation le 7 avril, etc.
Quelles sont les particularités de la célébration de la fête de la Nativité ?
Selon la tradition orthodoxe, la préparation pour la fête de Noël commence quarante jours avant par un jeûne rigoureux, qui peut être comparé avec la période de l’Avent dans l’Église catholique. Les cinq derniers jours sont encore plus stricts et ont une grande importance, car il s’agit d’une préparation liturgique et carémique particulière.
L’office de Noël commence à minuit, comme pour la fête de Pâques, mais on peut avoir des offices le matin comme pour les autres fêtes de l’année. Les fidèles sont invités à assister aux Vigiles nocturnes, afin de goûter la joie de la naissance du Christ Sauveur.
Entre la fête de la Nativité et celle de la Théophanie (Baptême du Christ – 6/19 janvier), il y a douze jours. Cette période est nommée “Sviatki” ou “Jours saints”. On célèbre ces douze jours depuis l’antiquité. Les 13 conversations d’Éphrem le Syrien (306-373), ont été prononcées du 25 décembre au 6 janvier ; des sermons d’Ambroise de Milan et de Grégoire de Nysse sont également consacrés à cette période. Saint Sabas le Sanctifié (439-532) a souligné dans ses règles que pendant les Jours saints, «il n’y a pas de jeûne, il n’y a pas de génuflexion dans l’église ni dans les cellules », et il est interdit de célébrer le sacrement du mariage. Ceci est confirmé par le Code de l’empereur Justinien publié en 535. Pendant cette période, il est de coutume pour certains chrétiens orthodoxes de se saluer par ces mots : « Christ est né ! » et de répondre : « Louons-Le ! »
Nous voyons donc que la tradition de célébrer la fête de Noël dans l’orthodoxie a des particularités importantes. ll faut souligner que ces particularités ne diminuent pas la valeur de la fête, mais soulignent les richesses de l’héritage chrétien et les modalités de vénération de la naissance du Christ.
Pour terminer cette courte présentation, citons l’hymne du canon de la fête : « Le Christ est né, glorifiez-le ; le Christ descend des cieux, allez à sa rencontre ; le Christ est sur la terre, relevez-vous. Chante pour le Seigneur, terre entière, peuples, louez-le dans l’allégresse, car il s’est couvert de gloire. »
Joyeuse fête de la Nativité du Christ !
Hiéromoine Joséph Pavlinciuc