Seghei Choumilo: « Le Mont Athos et la Russie: les liens millénaires »

Le Mont Athos et la Russie: les liens millénaires

Le Mont Athos comme centre universel, spirituel et culturel

Le mont Athos et son héritage séculaire occupent une place particulière dans l’histoire du christianisme. La composition multinationale des habitants du Mont Athos est un témoignage évident de son universalité. L’Orient et l’Occident avaient envie d’avoir ici ses représentants. Le Mont Athos est devenu le symbole de l’unité des différents peuples chrétiens.

Quand nous parlons de Mont Athos, il faut souligner l’exemple unique dans l’histoire du christianisme de l’unité monastique qui est au dessus de toute l’appartenance nationale et étatique.

Depuis longtemps, des communautés monastiques de différentes nationalités se sont installées ici, donc le Mont Athos est considéré comme un centre mondial du monachisme chrétien.

Les représentants de toutes les traditions orientales du monachisme: de l’Egypte, de la Palestine ou de la Syrie, ont été concentrés en ce lieu à partir du VII-ème siècle. Les moines d’Arabie, d’Afrique et de la Palestine, expulsés par l’invasion arabo-islamique de leurs Laures – foyers du monachisme chrétiens, arrivèrent ici à l’époque de Constantin Pogonate (668-685), après le VI-ème concile œcuménique.

L’importance spirituelle du Mont Athos s’intensifia depuis le X-ème siècle, grâce à l’activité de Saint Athanase et de l’empereur Nicéphore Phoca.

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 Les liens spirituels et historiques avec la France

Un célèbre byzantiniste et chercheur du Mont Athos, l’évêque Porphyre (Uspenskij), remarqua que grâce au saint Athanase «plusieurs grands monastères et Laures se sont fondés et ont hébergés presque 3 mille moines de différentes origines. Il leur a donné des règles pour l’église, pour le réfectoire et pour les cellules».

Il y avait aussi des représentants des pays occidentaux. Trois monastères latin: de Rome, d’Amalfine et de Zigu, distingués même par saint Athanase, qui ont fonctionné jusqu’au milieu du onzième siècle.

L’apparition de ces monastères de tradition occidentale est liée à l’activité des monastères bénédictins. Saint Benoît de Nursie, le fondateur de cette tradition (560), est profondément vénéré non seulement dans l’Occident mais aussi dans l’Orient. On retrouve ses icones et fresques dans beaucoup de monastères athonites.

Les adeptes de l’école monastique de saint-Benoît de Nursie ont eu un vaste réseau de communautés sur les territoires actuels de la France et de l’Italie. La diffusion et l’unification du monachisme à la base des règles bénédictines se produisirent sur le territoire de l’état de France à l’époque de Charles le Grand et de Louis le Pieux.

Il n’est pas exclu que la création des premiers monastères bénédictins du mont Athos remonte à l’époque des réformes religieuses de Louis le Pieux, visant à l’approbation des règles bénédictines. La création des nouveaux monastères du Mont Athos pour d’autres peuples se passait, généralement, avec l’autorisation des empereurs byzantins, dans le cadre des relations diplomatiques avec les états, dont les représentants s’installèrent sur le Mont Athos. Cela fut un prestige pour les monarques des jeunes états chrétiens d’avoir des représentantes sur le sol de l’empire Byzantin au sein du monachisme chrétien sur le Mont Athos.

Quoi qu’il en soit, déjà à partir du IX-ème – X-ème siècles, les monastères de tradition occidentale apparaissaient à côté des monastères de tradition orientale, en particulier ceux des règles bénédictines. Parmi les confréries, il y avait beaucoup de descendants venant d’Italie, de France, d’Allemagne, d’Angleterre. Par conséquent, le Mont Athos peut être considéré comme un centre spirituel international du monachisme et de la chrétienté, puisque ces relations n’étaient pas exclusivement réservées à la Grèce, à la Géorgie, à la Bulgarie, à la Serbie, à la Roumanie, à la Moldavie et à la Russie, mais aussi aux pays de l’Europe Occidentale.

Donc, on peut sûrement parler de relations millénaires entre le Mont Athos et la France. La renaissance de ces relations a été très fructueuse pendant le XX-ème siècle.

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L’archimandrite Sofronii (Saharov), le disciple de saint Siluan d’Athos, est fortement lie avec la France et est bien connu dans le sein de l’orthodoxie. En 1947, il quitta le Mont Athos et arriva en France où il fonda une communauté monastique selon les règles athonites. Sur le sol français il publia les mémoires de saint Siluan l’Athonit, qui ont été diffusées dans le monde entier.

Un grand théologien et patrologue orthodoxe, l’archevêque Basile (Krivochein), est fortement lié aussi avec le Mont Athos.

En 1925, il partit au Mont Athos avec son ami Serge Saharov, futur archimandrite Sofronii, où il demeura dans le monastère de Saint Panteleimon. A partir de 1942, il devint membre du Kinote (l’administration du Mont Athos) et à partir de 1946, le trésorier du monastère russe.

Après 22 ans de vie monastique au Mont Athos, il fut obligé de se déplacer en Angleterre et en 1959, il s’installa à Paris comme évêque vicaire de l’exarchat de l’Europe Occidentale du Patriarcat de Moscou. Au mois d’avril 1960, il fut nommé évêque de Brussel et de Belgique.

Grâce à l’activité de Mgr Basil (Krivoshein), on réussit à sauver le monastère de Saint Panteleimon pendant les années 70, en permettant l’installation de moines venus de l’URSS.

Un athonite célèbre, théologien : l’évêque Cassian (Bezobrazov; +1965). Après la seconde guerre Mondiale, il s’installa à Paris. De nombreux autres représentants de l’émigration russe en France maintinrent des liens étroits avec le Mont Athos. Ils ne firent pas seulement visites et pèlerinages, mais apportèrent aussi une aide matérielle aux monastères appauvris après la révolution. D’autres y sont devenus moines (comme c’est arrivé avec Sofronii Saharov, Basile Krivocheine et Cassian Bezobrazov).

Parmi les français, l’archimandrite Placide (Deseille) (nouvellement décédé), peut être considéré comme l’un des plus célèbres athonites qui, avec ses compagnons spirituels, moines catholiques, sont devenus orthodoxes en 1977 au monastère de Simonospetras. Le père Placide y commença ses ouvrages et y traduisit «l’Echelle» de saint Jean Climaque. Après une période d’initiation, il retourna en France, où il fonda quatre skites athonites, parmi lesquels le monastère de Saint Antoine le Grand dans le massif du Vercors. Ces monastères ayant des règles rigoureuses, sont des centres importants de l’Orthodoxie et des centres de renouveau monastique de la tradition Athonite en France.

En plus de l’activité ecclésiastique, on devrait souligner que  les cinéastes français ont réalisé le premier tournage documentaire, court-métrage, «les Moines du Mont Athos» en 1953. Ce sont les deux cinéastes français: réalisateur, scénariste et opérateur Jacques Valentin et son directeur Fred (Alfred) Orain, ingénieur, qui commença sa carrière artistique en tant que réalisateur à la radio, puis, en 1931, dans le studio de la Paramount.

C’est un documentaire unique. Grâce à ce film, nous pouvons voir le Mont Athos, il y a 70 ans, quand il fut encore totalement absent de l’influence de la civilisation moderne. Les anciennes fresques de Dionisiat ont frappé beaucoup les cinéastes français, qui, y ont vu des futurs bombardements de villes (par la pluie des étoiles du ciel), des chars, des avions et même de la bombe atomique. «Les coupes de la haine», représentées sur les fresques, et associées avec les récentes horreurs de la Seconde guerre mondiale, contrastaient avec le caractère pacifique des tableaux de la vie des moines, de leurs visages calmes et illuminés.

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Il faut remarquer la contribution du professeur français Paul Lemerle (1903 — 1989) concernant l’héritage du Mont Athos. Il fut le fondateur et le président d’honneur de l’Association Internationale des études byzantines (AIEB), et à partir des années 1930, il entreprit une série d’expéditions scientifiques sur le Mont Athos. Grâce à lui et à la diligence de ses collègues, on découvrit dans les archives et les bibliothèques du Mont Athos de nombreux actes, documents et manuscrits anciens de la période byzantine. La grande majorité des ces documents a été publiée dans le projet scientifique «les Archives du Mont Athos». Grâce aux chercheurs français, un grand nombre de manuscrits athonites sont devenus accessibles au public scientifique, et ils ont été sauvés de l’oubli et de la perdition. Le successeur de Paul Lemerle fut son disciple Jacques Lefor (1939-2014). A partir du 1989, il dirigea le laboratoire de la publication des documents athonites et réalisa la rédaction de tous les tomes «des Archives du Mont Athos».

C’est grâce aux chercheurs français, et particulièrement au professeur Paul Lemerle, qu’on trouva aux Archives du Mont Athos des traces de la présence millénaire du monachisme russe sur le Mont Athos.

Le mont Athos: 1000 ans d’héritage du monachisme russe

Le Mont Athos a joué un rôle très important dans le développement de la spiritualité et de la culture de la Russie Kiévienne. Le début de ces relations spirituelles bénéfiques avec le Mont Athos coïncide avec l’époque de l’adoption du christianisme en Russie, pendant le règne du Grand Prince Vladimir de Kiev.

La tradition spirituelle orthodoxe  de la Russie Kiévienne  est inséparablement  liée aux anciens monastères  russes, héritiers  du Mont Athos, le centre du monachisme et de l’ascétisme. Depuis l’époque d’Antoine des Grottes de Kiev, le fondateur du monachisme russe il y a 1000 ans,  ces liens spirituels étroits ont grandi et sont devenus plus solides, influençant le développement d’une  culture profondément spirituelle.

Le monastère des Grottes de Kiev, fondé sous l’influence du Mont Athos, fut d’une grande importance, c’était une sorte de «pépinière», de centre du monachisme, de la spiritualité, de l’alphabétisation, de la culture et de l’éducation  partout en Russie Kiévienne.

La légende du Mont Athos permet de dater la création du premier monastère russe sur le Mont Athos à l’époque du baptême de la Russie Kiévienne par le prince Vladimir le Grand.

La chronique russe de 1496 mentionne brièvement l’existence du monastère de Saint  Panteleimon sur le Mont Athos.  Les chroniques du Monastère de Hilandar sur le Mont Athos de 1583 prouvent la même chose, en particulier sur le monastère de Saint  Panteleimon. Dans l’appel au tsar Ivan le Terrible, on indiqua «parce que ces sont des constructions de Saint Prince Vladimir, nous avons ici aussi un honneur à ton règne ». Ce document était signé par l’administrateur du Mont Athos Pacôme et tous les moines présents.

Selon  le professeur A. Tahiosse, ce message était  emprunté  aux actes du Mont Athos, documents très anciens qui n’ont pu résister au temps, et «prend ses origines dans l’ancienne tradition slave qui a réapparu au XVI-ème siècle».

Malheureusement, il n’existe pas de documents donnant des preuves exactes. Dans les archives du monastère russe de Saint Panteleimon, les actes les plus anciens datent de 1030 et 1048. C’est à partir d’eux qu’on découvre que le monastère de la Dormition de la Vierge Marie Ksilurgu (en grec. ξυλουργός – charpentier) avait déjà le statut de higoumenat (act 1) vers les années 1030 et dans le décret de l’empereur byzantin Constantin IX Monomaque daté de 1048 est nommé la Laure des Tsars.

Les documents plus anciens n’ont pu être sauvegardés à cause des incendies et des nombreux pillages. L’absence d’actes anciens  dans l’archive du monastère russe de Saint Panteleimon a fait douter pendant longtemps de l’authenticité de la légende concernant le monachisme russe sur le Mont Athos et la fondation du premier ancien monastère russe à l’époque du prince Vladimir le Grand.

Pourtant, en 1932, le groupe de chercheurs français  mené par le professeur Paul Lemerle, qui s’occupait de la recherche et de l’édition  des actes anciens des monastères du Mont Athos, a retrouvé un document jamais édité avant qui prouvait les origines anciennes du monastère russe sur le Mont Athos.

En particulier, dans l’acte du monastère du Mont Athos daté de février 1016, on trouve les signatures de 21 higoumènes du Mont Athos et parmi eux la signature de l’higoumène russe «Γερασιμος μ(ονα)χ(ος) ελε(ῳ) θ(εο)ῦ πρεσβυτερος κ(αι) ηγουμενος μονις του Ρς». Ce qui signifie en français «Gherasime, le moine, par la miséricorde de Dieu, presbytre  et supérieur du monastère de Rossa. Il témoigne et souscrit personnellement ».

Le document a été rédigé  sur du parchemin et la signature de l’higoumène russe est la 13-ième  des 21 signatures.

Dans l’acte daté de 1016 découvert par les chercheurs français, il s’agit exactement du premier ancien monastère  russe sur le Mont Athos qui, plus tard, est devenu et connu sous le nom de «Ksilurgu» ou «Charpentier» et qui vers les années 1048 avait déjà le statut de la Laure du Tsar.

Les chercheurs français ont fait une découverte très importante car l’acte de 1016 prouve de manière sûre  la fondation de l’ancien monastère russe sur le Mont Athos, à l’époque du prince Vladimir le Grand de Kiev. Grâce à cette découverte, on peut parler sans aucun doute de millénaire d’héritage du monachisme russe sur le Mont Athos.

L’ancien  monastère russe du Mont Athos

Le monastère russe du Mont Athos a atteint son apogée pendant le règne du fils de Vladimir, le Grand Prince Iaroslav le Sage. On peut en voir les preuves  dans les documents de 1030, 1048, 1070 et 1142 qui se trouvent aux archives «Rusika». Comme indiqué  dans l’acte de 1048, l’empereur byzantin Constantin IX Monomaque nomme l’ancien monastère russe de la Mère de Dieu Ksilurgu «Laure de Tsar». Ceci permet de supposer que l’ancien monastère russe était conçu au début non pas comme une habitation pour les moines ou comme un skit, mais plutôt comme un monastère («Laure»), dans le cadre des relations diplomatiques entre l’empereur byzantin et les princes de Kiev.

C’est également à partir de ce document qu’on découvre que le monastère russe avait le droit de s’adresser directement à l’empereur byzantin pour les questions à débattre, sans faire appel au Protat (à l’administration) du Mont Athos, ce que était interdit aux autres monastères du Mont Athos. A cette époque,  la «Roussik» avait une économie bien développée et de nombreux ouvriers à sa disposition. Il possédait un port, des bateaux, des champs de blé, un moulin, sa propre route et des quais menant vers le monastère.

Les documents du XII-ème siècle attestent que les natifs de la Russie Kiévienne habitaient sur le Mont. En particulier, dans la description des biens du monastère de Ksilurgu de 1143, 49 livres russes sont mentionnés, mais rien n’est dit sur la présence de livres grecs. Cela n’indique pas seulement la nationalité des habitants du monastère mais également une de leurs activités  possible: la recopie  de livres.

Le monastère «Rosa», mentionné dans le document de 1016, était donc le monastère Ksilurgu et ce sont ses actes de 1030, 1048, 1070 et 1142 que l’on retrouve dans les archives du monastère de Saint Panteleimon, l’actuel monastère russe, comme cela est certifié par l’acte de Protat de 1169. Fondé après le Baptême de la Russie Kiévienne, le monastère «Rosa»  est le plus ancien monastère orthodoxe, non seulement du Mont Athos, mais aussi du monde entier.

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Très rapidement, la Laure russe sur le Mont Athos devient le centre de l’éducation spirituelle de la Russie Kiévienne. C’est dans son scriptorium que les livres étaient réécrits et traduits. D’après le document de 1142, on découvre que certains livres étaient écrits en Cyrillique et que les autres étaient transcrits à partir d’images verbales.

L’Evangile Mariinski (Codex Marianus), une des oeuvres la plus ancienne de l’écriture verbale fut créée dans ce monastère. C’est un manuscrit verbal de Quatre Evangiles, qui date du XI siècle.   Le professeur V. I. Grigorovich en a trouvé une grande partie (171 pages) dans le monastère de Ksilurgu en 1840. Après la mort de Grigorovich, le manuscrit fut envoyé au musée Roumyantsev de  Moscou (l’actuelle bibliothèque municipale) où il est resté jusqu’à aujourd’hui. Ce manuscrit, œuvre de l’écriture ancienne très précieuse sur le Mont Athos, montre l’importance de Ksilurgu en tant que centre culturel et spirituel.

Beaucoup d’autres œuvres de l’ancienne littérature slave furent découvertes sur le Mont Athos aussi. En particulier, on devrait souligner une des plus anciennes écrite en Cyrillique: les Fragments Kiéviens des leçons de St. Cyrill de Jérusalem. En outre, le «document de Undolski» – 2 feuilles en Cyrillique du XI-ème siècle qui contenaient un extrait d’Évangile-apractos ἄπρακτος et le manuscrit ornemental “Livre de Sava” qui date aussi du XI-ème siècle.

Pour résumer: depuis le XI-XII siècle,  le  Mont Athos a joué un rôle primordial dans le développement spirituel de la Russie Kiévienne; 1000 ans d’histoire en attestent. Les liens entre le Mont Athos et le monastère de la Mère de Dieu influencent profondément l’identité  de notre peuple et sa tradition spirituelle. Pendant des siècles, découvrir et rejoindre les Sainteté du Mont Athos a été le rêve le plus cher de nos compatriotes.

Le Mont Athos et sa signification spirituelle pour les peuples de l’Europe de l’Est

Pendant des siècles le Mont Athos a joué un rôle exceptionnel dans le développement de la spiritualité  et de la culture nationale. Depuis le retour du Mont Athos à la Russie Kiévienne  de Saint Antoine des Grottes de Kiev et la fondation par ce dernier de la Laure des Grottes en suivant le modèle du Mont Athos, son influence, sur le développement spirituel de la Russie Kiévienne, a été très significative.  Le Mont Athos, son héritage et ses traditions, sont pour beaucoup dans l’établissement de l’image ascétique de l’orthodoxie russe et de la Russie.

Les relations entre la Russie Kiévienne et le Mont Athos ont joué un rôle exceptionnel surtout après les pillages et les invasions par les Mongoles.  A cette époque, le Mgr Cyprian (Tsamblak),  métropolite de Kiev et de toute la Russie, était  un moine athonite très célèbre qui a beaucoup contribué au développement  de la culture et de la spiritualité russe. Pendant cette période, beaucoup de livres furent apportés du Mont Athos et traduits, ce qui déclencha la renaissance « hésychaste » qui a beaucoup  marqué  la culture de la Russie Kiévienne.

Les représentants importants de l’héritage du Mont Athos sur la Russie à cette époque étaient St Serge de Radonège et St Cyrille de Beloozero. Le nouvel essor du monachisme russe appelé «Le Thébaïde Nordique» était le résultat de leur travail intense.

L’influence de l’héritage du Mont Athos sur la Russie se remarque le plus dans l’ancien art russe, notamment dans les travaux de Théophane le Grec, d’Andrei Roublev et de Daniel Chernyi. Leurs oeuvres  laissent rarement les spectateurs indifférents, par leur harmonie, leur profondeur et leur grandeur.

Saint Nil de la Sora, qui a passé sur le Mont Athos environ 20 ans, a grandement contribué au renouvellement  des liens entre la Russie Kiévienne et le Mont Athos. Après être revenu à la mère patrie, il a propagé les valeurs spirituelles acquises sur le Mont Athos et fut un des idéologues du mouvement de « non-possesseurs ». Maxime le Grec, célèbre théologien grec,  était aussi “un lien de connexion” en quelque sorte entre le Mont Athos et la Russie.

Le Mont Athos a aussi beaucoup contribué à la préservation de l’Orthodoxie  en Ukraine, pendant la triste période  de L’Union de Breste (1595). Ioann Vishenskii, Iov Knyaginskii, Kiprian, Isaakii Boriskevich, Afanasii Mezigorskii, Ioasaf Gustinskii, Iosif Koriyatovich-Kurtsev, Samuil Bokachich sont  les starets ukrainiens les plus connus de ces temps là.

Les Cosaques de Zaporogue entretenaient aussi des liens étroits avec le Mont Athos; ils invitaient les moines et les précepteurs, faisaient de très généreuses donations aux monastères, se rendaient fréquemment en pèlerinage, et partaient parfois eux-mêmes pour vivre et servir sur le Mont Athos. Après que les Grecs eurent pris Rusik (l’ancien monastère russe du Mont Athos), les Cosaques de Zaporogue ont tenté de récréer un nouveau Rusik. Le skit « Ceurnyi Vyr », fondé par les Cosaques en 1747, a joué le rôle de ce monastère  pendant presque un siècle entier.

La suite  logique de cette tradition fut la formation sur le Mont Athos du Skit de saint Prophète Ilie. Paisii Velichkovskii, originaire de la famille des prêtres des Cosaques de Zaporogue, en est  un des fondateurs principaux. Il fonda aussi une école de moines ascétiques, qui avec les traductions de nombreuses oeuvres anciennes,  sur la langue slave et la renaissance des traditions perdues du monachisme orthodoxe, ont donné une impulsion  pour la Renaissance du véritable monachisme et de la spiritualité en Russie, ainsi que la renaissance de la culture orthodoxe russe, et son retour vers les valeurs chrétiennes. Ce sont les disciples de l’école de Paisii Velichkovskii qui ont influencé grandement la vision du monde et du travail de beaucoup de personnages publics et culturels du XIX-ème siècle, grâce aux monastères d’Optino, de Valaam ou de Solovets. Le monastère de Saint Panteleimon a eu des liens étroits et fructueux avec la Mère Patrie. Une autre citadelle de l’orthodoxie russe sur le Mont Athos fut le Skit de Saint Andrei.

Ce grâce aux starets Jerôme (Solomontsev) et Macaire (Suskin), qu’un renouveau spirituel commença au XIX-ème siècle au sein du monastère de Saint Panteleimon. En 1850, le nombre des moines russes devint égal de ceux des monastères grecs, en augmentant progressivement. Au début du XX-ème siècle le nombre de moines russes fut plus de 5 mille (seulement à Saint Panteleimon, on compta 2000 moines) tandis que les grecs furent 3900, les bulgares – 340, les roumains – 288, les serbes – 120, les géorgiens – 53, etc.

Ainsi, le phénomène historique et spirituel « Russkij Aphon » « Le Mont Athos Russe » s’établit. En 1913, on aborda la question que le statut de la Laure s’attribue au monastère de Saint Panteleimon et aux skites de Saint Andrei et de Saint Ilie ce du monastère. Les événements suivant ont empêchés ces plans.

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Après faits tragiques de 1917 et les commencements de persécutions athéistiques contre la foi en Russie, le monachisme Athonite fut fortement endommagé. Beaucoup des monastères russes ont devenu vides. Comme le résultat, les skites de Saint Andrei et de Saint Ilie, ainsi que les grands majorités des cellules et de calives russes passèrent au grec ou furent abandonnés.

Un coup sérieux frappant le monachisme russe du Mont Athos fut le courant de l’imiaslavie ou onomatodoxie en 1913. Presque 1000 moines furent expulsés du Mont Athos et retournés à l’Empire Russe. La grande majorité de ces moines ont devenu martyres pendant la terreur athéistique et les persécutions déclenchées en URSS. Ils ont resté presque uniques prêtres dans certaines régions du pays, en gardant au sein de la population la foie orthodoxes.

Comme en peut voir, les liens étroits culturels, spirituels et historiques entre le Mont Athos et la Russie ne coupèrent pas pendant dernier millénaire, à partit de l’arriver des premiers moines en XI-ème siècle et jusqu’à nos jours. L’héritage athonite est un des components important de notre culture et tradition, même si cela est injustement négligé aujourd’hui.

Comme on le sait, une véritable renaissance d’un peuple peut être accompli seulement avec le recours à son propre héritage spirituel et à ses racines. Dans notre histoire, le Mont Athos a un des premières places.

Seghei Choumilo,

Le directeur de l’Institut International de l’héritage athonite

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